Onze acteurs épuisés reviennent d’une représentation ratée, ils interrogent leur art, leurs amours et leurs désirs d’ailleurs. Une plongée dans les coulisses de la vie de comédien, servie par une mise en scène sobre et humaine signée Clément Hervieu-Léger.

Clément Hervieu-Léger met en scène des comédiens criants de justesse dans une pièce sur l’ordinaire d’une troupe de théâtre.

Brillant pas de côté de Clément Hervieu-Léger  signe  une mise en scène bouleversante de « Nous, les Héros » de Jean-Luc Lagarce. Cette chronique drolatique et tendre d'une petite troupe de théâtre aux abois est portée par des interprètes galactiques.

Nous, les héros fait partie de ces pièces qui nous conduisent jusqu’aux coulisses, dans la vie des interprètes, lorsqu’ils quittent la scène, abandonnent leurs costumes, se démaquillent et retrouvent leurs élans, parfois très rugueux.

La pièce rend un hommage tendre et ironique aux artistes qui arpentent les routes, nomades, « saltimbanques » qui s’accommodent du tout-venant, comme cette salle des fêtes vaguement aménagée pour l’occasion. On y retrouve le thème de Music-Hall (1988) avec son trio pathétique en tournée.

Et c’est bien cette part de rêve arc-boutée à une réalité obstinément contraire, cet héroïsme têtu, que Clément Hervieu-Léger et l’ensemble des comédiens, tous et dans un même ensemble éblouissants, insufflent sur le plateau.

...l’envers de la scène, du côté des coulisses, quand les acteurs à la fin de la représentation ont été applaudis et qu’ils reviennent à leur vie privée, quotidienne, modeste.

Clément Hervieu-Léger en fait une comédie mélancolique sur le théâtre, la vie qui continue quand le rideau tombe, et ce fragile lien qui unit encore les « héros » du quotidien : les acteurs.

Acteur, auteur, metteur en scène, Lagarce aimait éperdument les actrices, les acteurs. Il leur a offert un écrin, une pièce au joli titre : « Nous, les héros ». Avec avidité, le metteur en scène Clément Hervieu-Léger s’en empare. Ô joie !