

En prévision de la fin du monde et de la création d'un nouveau
Madison, 11 ans est furieuse, son programme n’a récolté aucune voix lors de la dernière élection du conseil municipal pour enfants. Cette dernière est pourtant bien décidée à changer le monde. Avec le soutien involontaire d’Ethan, elle va prendre en otage Sofia, élue à la majorité des élèves. Retranchés dans une cave, les trois enfants vont alors confronter leurs visions du monde.
Malgré leurs contradictions qui s’expliquent aussi par leurs différences de vie, les trois enfants ont la farouche envie de se comprendre, si ce n’est de s’entendre.
Comment les enfants envisagent-ils le monde dans lequel nous vivons ?
Comment sont-ils ou non perméables à l’actualité, aux grands débats de notre temps : le dérèglement climatique, les inégalités, les discriminations, le féminisme, la mondialisation ?
Quelle conscience ont-ils des conditions sociales de leurs parents et donc des leurs ?
Comment appréhendent-ils « le politique » ? Dans quel futur se projettent-ils ?
Note d’intention par Pauline Sales
Comment les enfants envisagent-ils le monde dans lequel nous vivons? Comment sont-ils ou non perméables à l’actualité, aux grands débats de notre temps, le dérèglement climatique, les inégalités, les discriminations, le féminisme, la mondialisation ? Quelle conscience ont-ils des conditions sociales de leurs parents et donc des leurs ? Comment appréhendent-ils « le politique » ? Dans quel futur se projettent-ils ? La question des retraites, des migrations, le droit de grève, les gilets jaunes, comment cela résonnent-ils en eux et dans leur vie de tous les jours ?
Je suis allée à la rencontre des enfants du Val de Marne et d’ailleurs avec un questionnaire assez simple sur ces différentes thématiques. Je les ai vus, soit en groupe classe à partir du CM1, soit individuellement, certains déjà concernés par le sujet (qui ont fait le choix, par exemple, de se faire élire à un conseil municipal) d’autres apparemment peu intéressés par ces affaires d’adultes. Ces tout premiers entretiens ont été riches et ont permis de voir leurs réelles connaissances sur nombres de sujets et de mettre à jour les ambivalences, les points de tension. J’ai entendu les enfants osciller (comme beaucoup d’entre nous) entre conservatisme et esprit de progrès, entre végétarisme assumé et envie de mordre dans un Mac do, entre rêve de vie à la campagne et peur de s’embêter hors de la ville, entre envie de gagner beaucoup d’argent et souhait de vivre avec peu, désir de s’engager dans des luttes qui semblent justes et volonté de s’occuper de leurs futurs enfants en priorité, entre rêve d’un amour unique et visions d’amours multiples.
L’avenir semble un drôle de monstre en plein grand écart entre une évolution technologique qui nous rapprocherait des films de sciences fiction et une désagrégation du monde qui nous ramènerait au moyen âge.
Évidemment, on devine dans leurs paroles l’influence des parents, des enseignants, des réseaux sociaux, du bruit du monde, mais on parvient également à déceler comment ils se constituent, au milieu de tout cela, une pensée propre.
On remarque encore une fois le silence des filles quand elles sont entourées de garçons alors que dans les familles ce sont souvent les mères désignées comme les plus concernées par les questions sociétales et politiques.
Ces rencontres ont été le terreau, espérons-le fertile, pour l’écriture de la pièce qui ne se présente pas pour autant comme une accumulation de témoignages enfantins sur différents sujets. Elle proposera bien une fable et des personnages. J’essaie de laisser le futur ouvert, de déjouer les stéréotypes, de ne pas infantiliser le propos, d’ouvrir des pistes de réflexion, de ne pas oublier les émotions, les contradictions qui nous font penser une chose et agir autrement, toutes nos humanités imparfaites, ce monde que nous faisons et sur lequel parfois il nous semble avoir si peu prise.
Note de mise en scène par Pauline Sales
Le lieu de la pièce est défini comme étant une cave. Je ne précise pas laquelle. Dans mon esprit, il s’agit de la cave de Madison, celle qui kidnappe Sofia. Elle devait raconter quelque chose de Madison et surtout de son père dont la présence absence est très significative dans la pièce. Les enfants en parlent à plusieurs reprises et, si on suit le cheminement, il apparaît comme un homme assez effrayant, il porte un treillis, il fait des rondes dans le quartier sans raison, il a les cheveux coupés ras, il entraîne sa fille physiquement, il lui a appris à manier les armes à feu, on comprend à demi-mots qu’il a sans doute abusé d’elle et qu’il a agit avec elle de manière très violente. J’ai écrit le rôle de Madison en pensant à son interprète, Vinora Epp, rencontrée à l’école de la Comédie de Saint Etienne, d’origine américaine. Et j’ai rapidement pensé aux survivalistes américains qui se préparent concrètement à la fin du monde. Nous avons donc, avec Damien Caille-Perret, conçu la scénographie comme un abri de survivaliste, avec des étagères, des provisions rangées au cordeau, boites de conserves, bidons d’huiles alignés, seaux, bouilloire, une armoire à pharmacie, un lit de camp, un frigo ... et dans cet univers assez anxiogène, nous avons laissé des bribes d’enfance, comme si Madison avait fait de cette cave son repère, sa seconde chambre à coucher, peut-être un lieu dont elle pourrait aussi se protéger de son père, avec quelques peluches, un livre d’enfant, un vieux magnétophone à cassette...
La porte nous semblait importante pour plusieurs raisons. D’abord il fallait qu’elle puisse rendre crédible l’enfermement, le kidnapping et qu’elle nous aide à croire à cette cave hors du commun, nous l’avons travaillée comme la porte d’un abri anti-atomique, il fallait qu’elle donne une sensation de lourdeur et qu’elle paraisse indestructible. À la fin de la pièce lorsque le père de Madison déboule dans la cave, nous le voyons pas, l’évènement nous est raconté par Sofia, mais la porte s’effondre. Elle représente la force de ce père hors norme, sa capacité de destruction et plus symboliquement, la possibilité d’une fin du monde, une image d’explosion, de guerre, d’effondrement. C’est l’effet scénographique de la pièce qui nous fait basculer dans un autre univers.
Avec Xavier Libois, nous avons conçu la lumière de manière assez cinématographique en trouvant des ambiances différentes. La lumière du frigo, le néon qui grésille, les ombres portées sur le mur du fond, participent à l’angoisse première, au thriller que propose l’intrigue, puis nous assumons une lumière plus blanche qui dévoile les corps et nous amène dans la réalité crue sans poésie de cette cave, avant d’oser des images plus surréalistes et d’accompagner les rêves des enfants qui s’imaginent soudain en pleine forêt. La nuit, dans des tons bleutés, accueille les confidences des jeunes filles, la porte s’ouvre et apparait une scène en ombre chinoise. Il fallait avoir la sensation du temps qui passe.
Dans le son, Simon Aeschimann, compositeur, a travaillé là aussi sur les différentes ambiances, accentuant le suspens, la tension ou accompagnant la nuit de quelques accords de guitare. Il suit les acteurs au plus près sans jamais être redondant, la musique, les sons, sont un appui, un univers en soi qui nous permet une autre histoire en parallèle, qui révèle l’âme de l’un ou l’autre des personnages.
Nous avons souhaité assumer le point de départ de cette histoire, un kidnapping d’enfant, une cave un peu particulière, un réalisme un peu cru pour cette situation de fait divers, quelque chose qui semble bien loin du spectacle jeune/tout public, et puis voir comment, à partir de cette situation tendue, de ce lieu utilitaire, des images capturées à la télévision ou sur les réseaux sociaux que les enfants reproduisent, violence, prise d’otage ... pouvait naître un rapprochement entre les enfants, un imaginaire commun, une tendresse et suivre avec la mise en scène cet apprivoisement commun.
Podcasts
- RfIpar De vive(s) voix
Pauline Sales, Perrine Malinge: les enfants sont-ils perméables au monde?
Comment les enfants perçoivent-ils le monde dans lequel nous vivons ? Se sentent-ils concernés par le réchauffement climatique, l’inaction des politiques, les discriminations ? Comment imaginent-ils leur futur ?
- France interpar Coulisses
Pauline Sales, le théâtre à hauteur d'enfant
Dans les coulisses d'un spectacle jeune public, pour les enfants à partir de 10 ans.
Critiques
- Théâtre du blogpar Mireille Davidovici
« La fin du monde est pour demain ! »
Pauline Sales veut parler au jeune public à partir du C.M.1 et lui a posé ces questions, pour construire une fable à suspense.
- La Terrassepar Manuel Piolat Soleymat
Entretien
Fruit d’une commande passée, en 2019, par les Théâtrales Charles-Dullin (Festival de la création contemporaine en Val-de-Marne), En prévision de la fin du monde et de la création d’un nouveau est présenté aux Plateaux Sauvages.
Archives des représentations
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Théâtre Joliette
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Marseille
09 mai > 12 mai 2023
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Théâtre du Champ au Roy
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Guingamp
06 avr. > 07 avr. 2023
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Théâtre Cinéma de Choisy-le-Roi
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Choisy-le-Roi
04 déc. > 05 déc. 2022
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Salles des fêtes de Gentilly
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Gentilly
02 déc. > 03 déc. 2022
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La Grange Dîmière - Fresnes
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Fresnes
25 nov. > 26 nov. 2022
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Les Plateaux Sauvages
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Paris
28 mars > 06 avr. 2022
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Théâtre Centre culturel d'Avranches
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Avranches
04 janv. > 06 janv. 2022
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Théâtre André Malraux de Chevilly-Larue
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Chevilly-Larue
15 nov. > 18 nov. 2021
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Médiathèque Boris Vian
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Chevilly-Larue
10 nov. 2020
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Le Quai des Rêves
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Lamballe
04 avr. 2023
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Médiathèque Germaine Tillion
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Saint-Maur-des-Fossés
12 nov. 2020
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Bibliothèque du Chaperon vert
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Gentilly
07 nov. 2020