

Portrait de Raoul
Sur le berceau de Raoul, les fées se sont penchées. Fée n°1 : Mama Betty, sa mère, couturière aux doigts de fée, qui lui donne le goût du chant et des costumes. Lui en tire le goût de l’ailleurs car la couture, c’est Paris. À peine débarqué, la fée n°2 fait son apparition, sous les traits d’un certain Copi. De fil en aiguille, il se retrouve habilleuse à l’Opéra où il rencontre la fée n°3 : Rudolf Noureev. La fée n°4, Stanislas Nordey, le fait passer des coulisses à la scène. En perruque, en robe et en chansons, Raoul s’est toujours cherché et il s’est toujours trouvé. Il a appris la langue de Molière en apprenant tout Molière. Il s’en souvient encore. Marcial Di Fonzo Bo, sa fée n°5, a rencontré Raoul il y a des années et lui a souvent donné rendez- vous pour jouer et chanter sur scène. Avec Philippe Minyana, ils le mettent aujourd’hui en pleine lumière.
Entretien avec Philippe Minyana
A quand remonte la rencontre avec votre personnage Raoul (Fernandez) ?
Je connais Raoul depuis longtemps ; il jouait Porcherie au Théâtre Gérard-Philipe sous la direction de Stanislas Nordey ; j’avais été ému par sa singularité. Ensuite, nous nous sommes croisés souvent dans des théâtres ; son sourire et sa joie me plaisaient. Et puis quand Marcial Di Fonzo Bo a monté ma pièce Une femme au Théâtre de la Colline il y a trois ans, il allait de soi que Raoul ferait partie de la distribution ; j’ai clairement écrit une des figures en pensant à Raoul. Mais avant cela, le même Marcial a mis en scène à la Comédie-Française ma pièce La petite dans la forêt profonde, Raoul, engagé comme costumier, a finalement donné la réplique à Catherine Hiegel. Il y a quelques mois Raoul m’appelle et me dit « Mon Philippe, écris-moi un texte », je n’ai pas hésité.
Comment avez-vous travaillé pour ce « portrait » ? Avez- vous interrogé Raoul dans ce but ou composé à partir de ce que vous connaissez de lui ?
Pour écrire ce portrait de Raoul, je l’ai invité chez moi je lui ai dit « Raconte-moi ta vie, Raoul » ; il l’a racontée ; j’ai pris des notes ; ensuite, j’ai écrit. Sa vie est un roman. Il a de la chance. Le hasard lui a fait rencontrer des artistes importants. La couture l’amènera sur les scènes. Raoul est une Figure.
Vous êtes-vous imposé des contraintes d’écriture autres que celles de la commande ? Le metteur en scène, Marcial Di Fonzo Bo, est-il intervenu ?
J’ai écrit rapidement ; sans aucune contrainte ; sans intervention extérieure ; au fond de moi, je savais que ce texte était destiné à Raoul et Marcial ! Je n’imaginais pas d’autre metteur en scène ! Marcial, c’est comme quelqu’un de ma famille ; je le connais depuis très longtemps et j’aime son univers artistique ; je suis aussi très sensible au fait que Les Lucioles, ce groupe d’acteurs issus de l’école du Théâtre national de Bretagne, soit resté uni et créatif. Marcial étant un des membres les plus représentatifs avec Élise Vigier. Je pourrais aussi citer Pierre Maillet, un autre complice tout aussi talentueux.
Ceux qui connaissent Raoul le reconnaîtront. Que voudriez-vous qu’on retienne de la personne et de son personnage ?
J’espère que ce portrait de Raoul sera fidèle ; quand j’écris pour un acteur ou une actrice j’entends leur voix ; ils sont avec moi, dans mon bureau. Je les entends, je sens leur présence ; parfois, je deviens, l’espace d’un instant, cette actrice, cet acteur. Je dis le texte à haute voix en essayant de retrouver leurs intonations, leur particularité vocale ; en écrivant pour Raoul, je devenais Raoul, avec son accent et cette joie qui est là, souvent.
La toute fin fait penser à la lévitation d’Emilia, la servante miraculeuse de Théorème de Pasolini. Est-ce voulu ?
L’idée finale, la lévitation, vient du fait que quelques semaines avant d’écrire, j’ai vu à Caen, le beau spectacle de Marcial et Élise sur Méliès. Pas mal de figures entraient en lévitation ; j’ai trouvé l’idée formidable ! Et puis ça racontait quelque chose de Raoul ; sa légèreté ; sa formidable mobilité ; il est toujours par monts et par vaux ; et cette grâce qui l’habite. Je n’ai pas pensé au film de Pasolini ; même si j’adore ce film !
Pouvez-vous éclairer le très beau titre que vous avez choisi : Qu’est-ce qu’on entend derrière une porte entrouverte ?
Il m’est « tombé dessus », je l’ai trouvé sans chercher. Je l’ai vu écrit devant mes yeux. On ne refuse pas ce genre de cadeau !
Podcasts
- France culturepar Fictions / Théâtre et Cie
Sur le berceau de Raoul
Marcial Di Fonzo Bo, sa fée n°5, a rencontré Raoul il y a des années et lui a souvent donné rendez-vous pour jouer et chanter sur scène. Avec Philippe Minyana, ils le mettent aujourd’hui en pleine lumière.
Critiques
- Webtheatrepar Brigitte Coutin
Comme il est lourdement chargé Raoul !
Dans ce récit de vie, Raoul Fernandez se confie sur ses origines, ses misères et ses joies. Selon lui, des fées bienfaitrices l’ont accompagné tout au long de son parcours.
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Biopic monologal écrit par Philippe Minyana et interprété par Raoul Fernandez dans une mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo.
Archives des représentations
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Points communs
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Cergy-Pontoise
31 janv. > 03 févr. 2024
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Le Grand R
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La Roche-sur-Yon
10 janv. > 11 janv. 2024
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Comédie de Caen
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Hérouville-Saint-Clair
19 déc. > 20 déc. 2023
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Théâtre des Îlets - CDN de Montluçon
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Montluçon
27 sept. > 30 sept. 2023
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Le Rayon Vert
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Saint-Valéry-en-Caux
12 oct. 2023
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Théâtre Christian Liger
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Nîmes
12 mars 2024
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Scène Nationale de Fécamp
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Fécamp
13 oct. 2023