Vents contraires
Je ne te refuse pas mon corps. Je le mets à ta disposition, jusqu’à la satiété. Je veux seulement que tu acceptes la liberté, la fluidité, le va-et-vient, la circulation de mon désir… Dans trois ans, dans dix ans, comment nous aimerons-nous ? Qui dit que nous ferons l’amour ? Nous ne ferons probablement plus l’amour, nous n’aurons plus envie, c’est comme ça, c’est la banalité de la passion. Mais la disparition progressive du désir ne nous affectera pas outre mesure, car nous possédons désormais une vision qui va au-delà de la monogamie improductive, au-delà de l’obsolescence des corps, une vision grandiose, totale, absolue, celle de construire un projet sans limites en exploitant mes compétences et en monnayant ton talent.
Les illusions sont-elles définitivement perdues pour cette génération désenchantée dont le rêve ultime est de quitter Paris ou bien de chercher un illusoire salut dans l'argent et dans le sexe ?
Que reste-t-il à ces êtres figés dans la tourmente d'un monde inéluctablement marchand, complices volontaires ou involontaires d'une société qui a détruit leurs idéaux ?
En scène
Création au Théâtre de l'Opprimé à Paris du 6 au 30 mai 2015, dans une mise en scène de Florian Sitbon.