Sélections
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DateNomAu programme limitatif pour l'enseignement optionnel théâtre en classe terminale 2021Lien
Les Drôles - un mille-phrases
Présentation
Elle est grosse, il est petit. Ils sont différents des autres, ça les rapproche. Ils ont une arme secrète redoutable : ils sont deux et ils sont drôles. Ils font rire donc, mais aussi ils sont « draules » comme on dit dans le Sud en se touchant le front avec l’index. Il paraît même que dans certaines régions, on dit « les drôles » pour « les enfants ».
Alors, parce qu'ils sentaient dans leurs jeunes âmes la chose qu'ils ne pouvaient nommer, ils se rabattaient sur les quelques solutions que d'autres avaient éprouvées avant eux. La première solution, qui n'en était pas une, tenait du gémissement en deçà d'une plainte en bonne et due forme, au-delà d'un soupir désenchanté. Ils geignaient ! Sans se hisser jusqu'à l'indignation, puisque leur sort, ils pensaient le mériter.
La deuxième solution, qui n'en était pas une, c'était de s'abrutir avec ce qui était à leur portée : la nourriture, la télévision, la mièvrerie.
La troisième solution, qui n'en était pas une, c'était de se changer en " drôles ", d'être drôles dans les boums, de rigoler bien et de faire rigoler bien avec de savantes pitreries. D'endosser une fois pour toutes le rôle sordide de l'amuseur notoire.
La quatrième solution, qui n'en était pas une, c'était la présence de l'autre. Le compère bienveillant, fier dans le doute : le frère. Mais l'amant, où est-il l'amant ?
La cinquième solution, qui n'en était pas une, solution et miracle, l'exil. Un exil de papier.
Voilà les solutions qui n'en sont pas. Encore et toujours ça : nostalgie de l'enfance. Evidemment la plus élégante manière de dire la mort.
Olivier PY
En scène
Création au Théâtre de la Bastille à Paris en septembre 1993, dans une mise en scène d'Olivier Py.
La presse
Les Drôles évoquent à la fois Caubère et le Splendid à leur manière, une délirante fin de soirée entre amis et un incroyable exercice de confession publique. Sans manip ni chantage, à contre pied de tous les comiques de la filière café-théâtre/télé.
Libération
La vie, ça tient à quoi ?
À rien ou pas grand chose, à des rencontres encore enfants qui vont nous poursuivre, nous construire, amitié pour la vie, une petite once d’amour qu’on ne dit pas, ou qu’on ne soupçonne pas, amour amitié, le mieux qui puisse nous arriver, les ruptures sont plus rares. « Les drôles » c’est un mille-phrases comme le dit Élizabeth Mazev, 1000 phrases numérotées à déguster comme un mille-feuilles, en ayant soin de s’en mettre partout...
Solveig Deschamps - Un Fauteuil pour l'orchestre, 07 avril 2014