Pourama Pourama
Présentation
Sa voix chuchote dans la nuit. J’ai besoin de la séparation des corps, dit-il. Il peut s’accommoder de mon amour seulement s’il ne s’exprime pas dans ma chair. Il reconnaît mes sentiments mais cette nuit je veux qu’il reconnaisse ma peau. Son refus est un mur qui défend sa blondeur contre ma tendresse. Son refus me rejette en arrière. Je remonte les années. Mon corps d’adulte qui a su se trouver à travers les mains des hommes qui se sont posées sur lui disparaît. De nouveau, je suis enfermé dans mon corps d’enfant. Mon corps de la honte. Mon corps qu’on ne peut pas toucher. Mon corps qu’il faut cacher. Mon corps qu’il faut faire taire.
Avec les trois récits qui composent Pourama Pourama, Gurshad Shaheman revient sur son enfance en Iran pendant la guerre, son adolescence passée seul avec sa mère, depuis l’exil d’Iran aux premiers pas dans l’apprentissage du français. Sous les meurtrissures d’une histoire de vie, dans sa quête d’identité, il défait aussi l’écheveau du désordre amoureux.
En scène
Création à la Friche la Belle de Mai à Marseille le 26 novembre 2015, dans le cadre du festival Les Rencontres à l'échelle, avec et dans une mise en scène de l'auteur.
À écouter
"Les Hommes qui passent" de Gurshad Shaheman
France Culture le 27 février 2021
Radiodrama | « Gurshad Shaheman raconte son enfance en Iran puis l’exil en France, les peurs, les douleurs, les joies aussi et les combats intimes qu’il a dû traverser »
Les Hommes qui passent est une adaptation radiophonique en deux volets de Pourama Pourama de Gurshad Shaheman, pièce de théâtre créée en 2015 et encore en tournée aujourd’hui. Dans ce travail d’autofiction au long cours, l’auteur et le comédien d’origine iranienne prend la parole sur quelques épisodes constitutifs de sa vie : sa petite enfance passée dans l’Iran des années 80 en guerre contre l’Irak, son arrivée en France à l’adolescence et l’initiation au français, et enfin l’entrée dans l’âge adulte et ses premiers émois amoureux.
La presse
Pourama pourama de Gurshad Shaheman, un conte touché, goûté et échangé
Trois Gurshad, trois corps, trois expériences de vie. C’est ce qui fait lien avec l’intériorité de ce « personnage-auteur » qui croyait entendre Pourama Pourama à la place de « pour un mois pour un an » chanté par Patricia Kaas.
Le premier corps est celui de la honte. Dans l'intimité avec son père obligé de laver Gurshad, qui doit garder son slip : « il m'explique qu'il ne faut jamais montrer sa nudité. Pas même à son père.»...
Dashiell Donello - Les Dits du Théâtre /Médiapart, 23 juillet 2018