Prix et récompenses
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DateNomPrix du syndicat de la critique 1997 - "Meilleure création de langue française"Lien
J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne
Présentation
Cinq femmes et un jeune homme‚ revenu de tout‚ revenu de ses guerres et de ses batailles‚ enfin rentré à la maison‚ posé là‚ dans la maison‚ maintenant‚ épuisé par la route et la vie‚ endormi paisiblement ou mourant‚ rien d’autre‚ revenu à son point de départ pour y mourir.
Elles l’attendaient‚ longtemps déjà‚ des années‚ toujours la même histoire‚ et jamais elles ne pensaient le revoir vivant‚ elles se désespéraient de jamais avoir de nouvelles de lui‚ aucune lettre‚ cartes postales pas plus‚ jamais‚ aucun signe qui puisse rassurer ou définitivement faire renoncer à l’attente.
Aujourd’hui‚ est-ce qu’enfin‚ elles vont obtenir quelques paroles‚ la vie qu’elles rêvèrent‚ avoir la vérité ?
On lutte une fois encore‚ la dernière‚ à se partager les dépouilles de l’amour‚ on s’arrache la tendresse exclusive. On voudrait bien savoir.
Jean-Luc Lagarce, 1994
En scène
Ce texte fut le premier à participer à la reconnaissance de Jean-Luc Lagarce après sa disparition, tant sur la scène francophone (création la même année de Joël Jouanneau, Stanislas Nordey et Philippe Sireuil) que sur la scène internationale comme en témoignent plus d’une trentaine de traductions à travers le monde. En 2018, la Comédie-Française donne une nouvelle mise en scène de cette pièce qui, portée par un chœur de cinq femmes, fait écho à Juste la fin du monde.
Ciel voilé et quelques éclaircies
Au commencement était l'art de conter
Il rentre enfin, un soir de printemps ou d’été. L’Aînée est sur le seuil de la porte, elle attend le jeune frère, la pluie, l’apaisement. Et voilà qu’elle le voit arriver. Qu’il arrive enfin, qu’il serait enfin arrivé, rentré à la maison après toutes ces années de silence, tel Ulysse, le roi d’Ithaque, le roi errant. À présent, il est – il serait peut-être – dans sa chambre. Elles, les cinq femmes, cinq Pénélopes en deuil de leurs propres vies, veilleuses d’un temps tragique et loin-tain, surveillent celui qui est rentré malade, mourant ou simplement épuisé, et attendront encore. Entre cris et chuchotements, elles nous raconteront, se raconteront, leur histoire et «l’absence de cette histoire» – une histoire «qui en passe par son absence», dirait Marguerite Duras –, la vie quotidienne, ce qu’elle fut, ce qu’elle deviendra, ce qu’elle pourrait devenir aussi. À présent, elles passeront leur temps, le reste de leur temps «à se dévorer les souvenirs, à se voler l’amour disparu, à se refaire l’histoire, se rejouer le Monde» – tout à la fois. (...)
Alexandra Moreira da Silva, extrait de la préface
Sommaire :
Préface
Texte intégral
Sur la pièce
- Chronologie
- Retour sur l'écriture
- Synopsis de la pièce
L'auteur
- Chronologie
- Découvrir d'autres texte
Bibliographie
La presse
Les femmes parlent du temps qu'elles ont vécu à ne pas vivre, sinon à travers l'absence. Du temps présent qui les envahit - trop fort d'avoir été tant désiré.
Le Monde
Une pièce fragile et touchante, toute en flux et reflux, poétique et amère.
Le Point
Lagarce écrit en poète populaire, sait trouver les phrases lancinantes qui martèlent et blessent comme une ritournelle.
Télérama
Un quintette pour voix de femme, dont les harmonies rappellent certaines scènes de Tchekhov, et l'écriture celle, frémissante et répétitive, de Marguerite Duras.
L'Avant-Scène Théâtre
Une parole à la fois singulière et collective
On a affaire à des couplets incisifs, énergiques, qui creusent davantage qu’ils n’embrouillent. Ces femmes dans l’ombre n’ont pas à se chercher, elles ont eu largement le temps de se définir: leur langue tranchante contraste avec leur statut de victimes impuissantes.
[Katia Berger, Tribune de Genève, mai 2024]