Point d'orgue

“LUNA.– Tu leur as finalement parlé.
Et je ressentais une telle fatigue.
Assister à la suite me semblait insoutenable.
Alors j’ai demandé mon manteau et les clés de la voiture.
Mais les cris ont couvert ma voix.
Je me suis laissée tomber en arrière.
J’aurais voulu qu’il m’avale,
ce canapé taché de vin,
et me recrache quelque part,
loin de cet endroit, loin de vous.
Je me suis bouchée les oreilles.
Vous me donniez mal à la tête.
Vous me donniez si mal au cœur.”

Les membres de « l’Ensemble », un groupe de chanteurs lyriques, croient se réunir pour fêter les dix ans de leur groupe. Mais Marc, l’un des pionniers, en annonce la dissolution. De sa maladie qui le condamne à court terme, il ne dira rien.
Le temps d’une nuit de crise, où les langues se délient, chacun se positionne, exprime ce que créer de la musique – ou faire partie d’un groupe – peut avoir de vital.
Pour les membres de « l’Ensemble », cette cérémonie de la mémoire est tout autant l’histoire d’une fin qu’un récit des origines ; l’étape ultime d’un deuil inachevé.

Le développement des personnages se fait avec finesse

Nicolas Girard-Michelotti réussit à rendre chacun des six personnages parfaitement reconnaissables, en peu de répliques et dès la scène liminaire. Tout au long de l’évolution dramaturgique, il prend le temps de les approfondir, faisant de son récit, en apparence centré sur le classique un seul lieu – un seul temps, une histoire plurielle et dense.
[Charlotte Payant, Théâtre actu, mai 2024]

Le galop d’un cheval, sur une gamme diatonique de nuages, qui composent le silence

Nicolas Girard-Michelotti nous met face à notre positionnement dans la société des hommes, avec la musique, pour symbole d’une humanité qui se cherche. Ce Point d’orgue nous va droit au cœur, d’une façon vertigineuse, dans l’espace infini où se tient la note du grand talent de Nicolas Girard-Michelotti.

[Dashiell Donello, Le blog Les dits du théâtre, mars 2024]