Bandes parallèles (Petit panorama de l'air du temps)
Présentation
À la radio, on a d’abord entendu un lycéen témoigner, lui s’en était pas trop mal sorti, mais son histoire avait de quoi surprendre. Il racontait comment il avait eu le reflexe de sortir son téléphone pour filmer la scène. Alors qu’il s’approchait, un type habillé en noir avec une capuche sur la tête l’avait attrapé par derrière pour l’emmener de force derrière un fourgon. Là, il avait sorti sa carte de police et lui avait arraché son téléphone des mains. L’appareil était protégé́, le policier a demandé au lycéen de le déverrouiller, il n’a pas voulu, tout est allé́ très vite, le policier lui a attrapé la tête, l’a attiré contre lui et lui a mordu l’oreille. Ça s’est mis à saigner abondamment, le lycéen a pris peur, il a donné son code. Le policier a pris le temps de supprimer toutes les vidéos avant de balancer le téléphone par terre et de crier : « Casse toi maintenant ! »
Trois histoires sans lien apparent les unes les autres, hormis l’usage d’un même objet-symptôme : la cagoule. Trois histoires qui n’en font qu’une, prenant tout leur sens dans ce qu’on pourrait appeler une dramaturgie du télescopage. Et une question, posée-là en creux : comment renouer avec un activisme politique progressiste dans un monde obstinément appliqué à en corrompre ou à en court-circuiter les moindres frémissements
En scène
Création au festival Actoral (Marseille) dans le cadre du dispositif « Objet des mots » les 27 et 29 septembre 2018 au Théâtre de la Joliette, dans une mise en espace par Vincent Thomasset.
La presse
Yoann Thommerel est poète, dramaturge et metteur en scène. Il est également directeur du développement culturel à l’IMEC (Institut Mémoires de l’édition contemporaine). Il a fondé une revue et une maison d’édition. Un auteur donc protéiforme qui fait la passerelle entre mon goût pour la poésie contemporaine et celui du théâtre.
Adrien Meignan - Des mots sur l'éphémère mouvement, 14 septembre 2018