Jours de France
Tu ne me dis plus rien.
Tu ne viens plus dans mon lit.
Tu es venu me dire que Pompidou est mort.
Tu venais dans mon lit pour me raconter des histoires.
Tes histoires.
Dans mon lit‚ j’écoute.
J’aime t’écouter raconter des histoires dans mon lit.
Viens me raconter une histoire.
Non.
Tu crois que nous nous sommes tout dit.
Nous ne parlerons plus ensemble.
Tu crois tout savoir.
Pompidou est mort le jour où ton père est parti.
« La nuit est l’ouverture à ce qui ébranle » dit le philosophe Patockâ. L’insomnie d’une femme triste et vieillissante, terriblement solitaire, profondément ébranlée et abandonnée aux fantômes : De Gaulle, Pompidou, Mao, Dassault, les « années de plomb », son fils tant chéri, le père de son fils, tant aimé. Elle divague et dérive sur ses « jours de France », engloutie dans la mêlée de l’intime et du politique.